Article écrit par Equipe Marketing

Succession d'entreprise : un enjeu tant personnel que macroéconomique

La succession d’entreprise est une étape complexe et haute en émotions pour tout entrepreneur, mais elle constitue également un enjeu majeur pour l’économie suisse. Cette tâche stratégique, qui doit être anticipée minutieusement, concerne non seulement les aspects financiers, mais aussi les idéaux (vision, mission), car une entreprise représente généralement bien plus qu’une simple source de revenus pour celui ou celle qui l’a créée.

Une tendance démographique inéluctable

Plus des trois quarts des propriétaires de PME se sont déjà penchés sur la question de la succession, ne serait-ce que dans les grandes lignes. Un cinquième des PME envisage concrètement la transmission de l’entreprise au cours des cinq prochaines années. Ces entreprises représentent plus de 400 000 emplois*, soit environ 10% des effectifs nationaux. L’enjeu macroéconomique de la succession réussie est donc incontestable.

L’importance de la succession d’entreprise est d’autant plus marquée que la génération du baby-boom, qui représente plus de 50% des dirigeants de PME*, approche de l’âge de la retraite. Ce départ massif à la retraite devrait entraîner une augmentation significative des successions d’entreprise dans les 15 prochaines années.

Vers une diversité des modes de succession

Dans un contexte où de plus en plus de potentiels successeurs décident de s’affranchir du business familial, les projets de succession extrafamiliale se multiplient. Une majorité relative (41%) d’entrepreneurs* souhaite toujours transmettre la PME au sein de la famille, mais environ 20% d’entre eux envisagent des solutions extrafamiliales*.

Parmi les projets de succession extrafamiliale, la vente à d’anciens collaborateurs (management buy-out) est la plus citée, suivie de la cession à une autre entreprise ou à une société de private equity et de la vente à des particuliers extérieurs à l’établissement (management buy-in).

Une nécessaire préparation de la succession

Lors de la succession, la préparation est essentielle pour assurer la pérennité de l’entreprise. Il ne s’agit pas seulement de régler les questions juridiques et fiscales, mais aussi de prévoir le transfert de compétences et de responsabilités. Cela implique souvent de former le successeur pendant une période de temps pour lui permettre de comprendre le fonctionnement de l’entreprise et de développer les compétences nécessaires.

Malheureusement, beaucoup d’entrepreneurs ne parviennent pas à planifier leur succession à temps, notamment en raison des nombreuses tâches et défis auxquels ils sont confrontés au quotidien. De plus, la question de la succession est souvent émotionnellement chargée et peut être difficile à aborder.

Des défis spécifiques aux entreprises familiales

Dans le cas des entreprises familiales, la succession peut être particulièrement délicate. Il est courant que les liens émotionnels entre les membres de la famille, les attentes non exprimées et les conflits latents rendent la transition plus difficile. Par conséquent, il est essentiel de communiquer ouvertement et de résoudre les problèmes potentiels à l’avance.

De plus, les entreprises familiales doivent souvent trouver un équilibre entre les intérêts économiques de l’entreprise et les intérêts personnels des membres de la famille. Par exemple, il peut être difficile de décider qui sera le successeur si plusieurs enfants sont intéressés par le poste de responsable.

Vendre, plutôt que de léguer

Dans un scénario de vente, l’évaluation de la société est une étape complexe lors de laquelle se faire accompagner est essentiel.

« Dans le cadre d’un transfert extrafamilial d’entreprise, l’évaluation est l’une des étapes clés », rappelle notre spécialiste en finance d’entreprise Mazyar Araeipour, CFA. « Le vendeur et l’acheteur auront besoin d’évaluer l’objet de la transaction afin d’identifier une fourchette de valeur qui leur servira de référence lors des négociations. Pour le vendeur, cela déterminera aussi le seuil psychologique en-dessous duquel il ne voudra pas aller. Pour l’acheteur, ce schéma est inversé et établira le prix maximal qu’il sera prêt à payer », explique-t-il.

Le profil (et donc la sélection) de l’acheteur est aussi important. Un acheteur de type stratégique, c’est à dire dans le domaine de l’activité de l’entreprise cible et dont le motif est de procéder à une intégration verticale par l’acquisition de l’entreprise cible, acceptera en général de payer un prix plus élevé. Un acheteur de type financier, comme un fonds de private equity, paiera en général moins, puisqu’il réfléchit déjà à sa marge lors de la future revente. Quant à une acquisition par les collaborateurs, le prix sera encore moindre car ces derniers manquent souvent de moyens financiers comparés aux autres profils d’acheteurs précités.

L’évaluation est une procédure complexe et multi-étapes qui se base sur des techniques financières pointues et reconnues par les pairs. En cela, l’évaluation à elle seule peut être considérée comme un métier. Aussi, lors de transfert d’entreprises, l’acheteur, aussi bien que le vendeur sont accompagnés par des experts en évaluation d’entreprise. Les mêmes experts seront souvent présents dans d’autres phases du transfert d’entreprise, notamment lors de la phase de la Due Diligence sur la partie financière. La Due Diligence, qui pourrait occuper un long sujet à elle seule, présente en quelque sorte un audit d’acquisition exigé et mené par l’acheteur.

Vers un accompagnement plus soutenu

Face à ces défis, il est essentiel de fournir un soutien et des conseils aux entreprises en matière de succession. Cela peut prendre la forme de conseils juridiques et fiscaux, de formation en leadership pour les successeurs, ou de médiation en cas de conflits.

En conclusion, la succession d’entreprise est une question cruciale pour l’économie suisse. Si elle est bien gérée, elle peut assurer la continuité de l’entreprise et préserver les emplois. Cependant, cela nécessite une planification minutieuse et une gestion attentive des défis émotionnels et interpersonnels.

 

Vous souhaitez être accompagné lors de votre succession d’entreprise ? N’hésitez pas à nous faire part de vos craintes et de vos besoins. Contactez-nous.

 

*Sources : étude Crédit Suisse Succession d’entreprise dans la pratique et étude Crédit Suisse et University of St. Gallen Succession d’entreprise (défi du changement de génération) 

 

 

 

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