Article écrit par Equipe Marketing

Ambassadeur Salman Bal : de l’Anatolie aux Alpes

Aujourd’hui à la tête du Centre d’accueil de la Genève Internationale (CAGI), une association dont le but est de faciliter l’installation et l’intégration de nouveaux arrivants sur le territoire suisse, Salman Bal est un homme de cœur qui a été guidé toute sa vie par une soif de connaissance et un amour profond pour l’humanité.

 

Ce diplomate de carrière a de quoi sourire. Marié et père de deux filles, il est au service de la Confédération depuis plus de vingt ans. Il entame sa dernière année en poste à Genève, avant d’être relocalisé pour sa prochaine mission. En effet, même si la vie au service du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) peut sembler déroutante ou instable, M. Bal l’a choisie très tôt dans sa vie et ne l’a jamais regrettée. Pourtant, rien ne semblait le prédestiner à devenir un diplomate suisse.

 

Né dans un village kurde modeste de l’est de la Turquie, M. Bal se souvient de son enfance avec nostalgie : « Nous n’avions pas d’eau courante, ni d’électricité, mais nous étions heureux et ma famille aspirait à une vie plus confortable pour ses enfants ». Au début des années 70, d’abord son grand-père, puis son père décident de quitter son village pour rejoindre l’Europe. Même si à l’époque l’Allemagne était leur destination principale, c’est à Bâle que s’écrivent les premières pages de l’histoire de la famille Bal en Suisse. Puis, le destin classique des immigrés de l’Anatolie : sa mère, suivie par son frère et sa sœur, rejoint le père à Bâle. Salman, quant à lui, rejoindra sa famille à l’âge de 9 ans après avoir d’abord vécu avec sa grand-mère, puis la famille de son oncle suite au départ de sa mère. Il débarque alors sans repère dans un pays et avec une barrière linguistique importante. Cette arrivée, prenant une tournure incroyable, deviendra la clé de voûte d’une grande carrière en relations internationales.

 

« Enfant, j’étais fort en maths, mais je ne savais pas prononcer le résultat » se rappelle-t-il avec le sourire. « Les maths sont un langage universel vers lequel les immigrés tendent à se tourner. Tout ce qui a un lien avec la langue est un obstacle majeur, mais il en aura été autrement pour moi. A l’école, mes camarades avaient reçu l’obligation du maître de la classe de s’occuper de moi afin d’accélérer mon apprentissage de l’allemand et mon intégration. J’ai donc passé énormément de temps avec les plus bienveillants d’entre eux, surtout avec trois garçons avec lesquels j’ai passé beaucoup de temps. Finalement, ces mêmes trois garçons et moi, nous étions les seuls de la classe ayant poursuivi nos études jusqu’à l’université. Je leur dois certainement beaucoup, et je leur serai éternellement reconnaissant d’avoir eu une si bonne influence sur ma vie », explique M. Bal qui a été le premier de sa famille à s’asseoir sur les bancs d’une université.

Son intérêt pour les interactions humaines aura donc été le fruit de rencontres, et la réalisation que la vie nous offre une infinité de possibilités d’avoir un impact positif sur autrui. Quant à son amour pour les relations internationales, outre sa curiosité intellectuelle évidente, ce sont son statut d’immigré et le brassage culturel qu’il a vécu qui l’ont mis sur la voie. « Surtout la première génération d’immigrés veut garder le contact avec son pays d’origine. Cela n’était pas différent avec les immigrés de ma région. La situation en Turquie étant depuis toujours très politisée, on est inévitablement baigné dans de grandes discussions qui mêlent géopolitique, économie et idéologie. Et puis, on est tellement impacté par la politique en tant que kurde qu’on n’a pas d’autre choix que de s’y intéresser », concède-t-il. Et de rajouter : « J’ai été fasciné très tôt par ces choses qui façonnent le monde et qui impactent la vie des gens ». Âgé de 16 ans et de passage au consulat turc pour le renouvellement de son passeport, il prend un moment pour contempler les lieux et les expatriés qui les occupent, puis conclut que c’est ce qu’il fera de sa vie. Cette épiphanie coïncidant avec sa naturalisation, c’est la Suisse qui aura la chance de le compter parmi ses délégués. « L’histoire et la politique étant mon hobby, il n’est pas surprenant que la diplomatie soit devenue ma profession. » dit-il.

 

Habitué des grandes rencontres avec les plus hautes instances politiques et diplomatiques du monde, surtout lors de son passage au Cabinet du Directeur général de l’ONU à Genève, M. Bal semble tirer un plaisir très particulier de sa position à la tête du CAGI. Lové dans une propriété dominée par la verdure et à quelques encablures des Nations Unies (où M. Bal avait précédemment occupé la fonction de Conseiller politique au Directeur Général), le CAGI est né en 1996 d’une collaboration entre le Canton de Genève et la Confédération. L’une des contributions du DFAE a été la mise à disposition d’un directeur, fonction que M. Bal remplit pour la dernière de quatre années de service.

“Le CAGI est un élément clé pour l’attractivité de la Genève internationale. Nous devons redoubler d’effort pour que nos services soient visibles. C’est pour cela que nous avons renforcé la communication, refait le site internet et introduit les réseaux sociaux”

Salman Bal

Aujourd’hui, sous l’impulsion de M. Bal, le CAGI s’engage à trouver les bonnes formules pour soutenir les flux d’expatriés et de fonctionnaires internationaux qui arrivent sur le territoire helvétique. Le centre d’accueil a une approche holistique et est en phase avec son temps. De l’organisation de séminaires au soutien dans la recherche de logement, le CAGI soutient aussi la recherche d’emploi des conjoints de diplomates ou fonctionnaires internationaux hautement qualifiés et demandés par les acteurs économiques locaux. « Le CAGI est un élément clé pour l’attractivité de la Genève internationale. Nous devons redoubler d’effort pour que nos services soient visibles. C’est pour cela que nous avons renforcé la communication, refait le site internet et introduit les réseaux sociaux », poursuit M. Bal, qui a également conscience de l’importance de créer des synergies externes par le biais de partenariats, sans oublier la communication interne, primordiale même pour des petites structures comme le CAGI qui, compte aujourd’hui quatorze membres du personnel.

 

Le cahier des charges de cette petite organisation est complexe et le consensus, à tous les échelons de la Confédération, est que la Suisse doit avoir les moyens d’honorer son invitation au monde entier. « Nous avons une mission assez unique, qui promeut la responsabilité commune pour s’assurer que les personnes que nous recevons de partout dans le monde puissent vivre une expérience positive », explique M. Bal, qui ne recule pas devant les défis. « Dans un monde idéal, quelqu’un qui est transféré à Genève devrait avoir entendu parler du CAGI avant même son arrivée à la Cité de Calvin et repartir en tant qu’Ambassadeur qui témoigne de l’hospitalité locale et porte la bonne réputation de Genève dans les capitales du monde.  Nous n’avons pas peur d’être victime de notre succès. Le cas échéant, nous pourrons montrer les résultats aux donateurs qui, je suis sûr, nous aiderons à développer davantage notre capacité ».

 

Ce qu’il retiendra de ses quatre années à la tête du CAGI

Que ce soit au DFAE ou à l’ONU, M. Bal est un vétéran de la grande politique internationale. Arrivé au CAGI et devant gérer des aspects du quotidien de la communauté internationale qui pourraient paraitre plus anodins tels que l’administration familiale, le logement ou la scolarité, M. Bal y trouve un sens et une utilité d’une grande importance.  « On se dit que la politique internationale, c’était bien, mais que les petites choses comptent aussi. C’est un élément de poids d’une mécanique de l’accueil à la pointe, qui permet à la Suisse de faire la différence face aux pays concurrents. Aider un nouvel arrivant à se sentir chez lui en fera le meilleur ambassadeur de la Suisse et de la Genève internationale ».

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